Construisons ensemble l’information !

Depuis le début d’année, une nouvelle proposition est venue s’ajouter dans notre catégorie EMI – « Éducation aux médias » : les documentaires / reportages participatifs. Après avoir réalisé de nombreux journaux télévisés dans les écoles et centres sociaux, nous avons eu envie d’aller plus loin dans la démarche journalistique et ainsi, proposer la création de contenu qualitatif professionnel avec les publics. 

Ça y est, les mots sont lancés : documentaires participatifs. Nous avons mis un peu de temps avant de trouver une appellation à ce projet qui tournicotait dans nos têtes depuis un moment. Et c’est vrai que le présenter au début a été difficile mais aujourd’hui, après en avoir réalisé cinq (trois sont déjà en ligne et deux autres vont arriver), le concept est bien concret et on a bien l’intention de le développer autant que possible. 

Notre équipe du CCAS d’Armentières en plein tournage collectif

Journaux télévisés

Les projets « Journaux Télévisés » avec les enfants fonctionnent très bien : ils s’amusent, apprennent, créent une production de A à Z et en gardent une trace. Ils filment, interviewent, posent des voix off et découvrent un plateau TV. Ces ateliers permettent d’aborder plusieurs disciplines : la technique (caméra et son) mais aussi l’approche journalistique.  Lors de ces ateliers qui se déroulent en 12 séances, nos groupes ont déjà réalisé des reportages sur des thématiques diverses : citoyenneté, écologie, racisme, solidarité, leur territoire, etc. D’ailleurs, pour ce deuxième semestre de 2021, nous allons être présentes sur Roubaix, Tourcoing ou encore Lambersart, dans cinq structures différentes, pour réaliser ce projet. Cependant, il était important pour nous de proposer autre chose. Que les structures puissent avoir le choix dans les actions d’éducation aux médias

Journal télévisé réalisé par l’école Michelet à Hénin-Beaumont (62)

Place à l’investigation !

Ces documentaires participatifs  ont été motivés par deux raisons : 

  • Lors des ateliers JT, les participant.e.s sont divisé.e.s entre la technique et le fond du sujet. Nous avons eu envie de proposer un projet seulement dédié au fond, à l’enquête, à l’investigation. La technique peut être un frein et ainsi empêcher de se concentrer à 100% sur le sujet. Cela veut donc dire que nous gérons la partie technique, ce qui nous amène à la deuxième raison de cette proposition
  • À la base, la création de notre association avait pour but de s’amuser, de vivre de notre passion : la vidéo. Avec les ateliers, nous étions de moins en moins derrière la caméra, ce qui nous manquait terriblement. Aussi, nous nous sommes rendues compte que les publics préféraient interviewer que filmer et gérer toute cette partie technique. Lorsque nous sommes derrière la caméra, les apprenti.e.s journalistes profitent des interviews comme jamais, posent toutes leurs questions sans se soucier de quoi que ce soit d’autre. Finalement, chacun.e trouve sa place et le concept de média citoyen prend tout son sens !
Notre équipe de jeunes filles de Marcq-en-Baroeul a tenu à réaliser des micro-trottoirs pour leur documentaire sur les réseaux sociaux

Média citoyen et solidaire

Au fil des projets, nous nous rendons compte que le concept de média citoyen prend de plus en plus de place dans notre association. Finalement, toute personne a ce droit à l’information, et pourquoi pas même à la créer ? Bien sûr, ce qui manque aux citoyen.ne.s, c’est une formation journalistique avec son code de déontologie, ses techniques, mais aussi des moyens de produire du contenu. Ce que nous proposons, ce sont nos compétences, à leur service. Nous devenons leur guide dans la création de l’information. Nous les accompagnons dans l’écriture des interviews, nous filmons leurs échanges, les suivons dans l’élaboration et la recherche. C’est un moyen de se reconnecter à l’information en allant la chercher à la source, en se l’appropriant. 

Les enjeux sont bien entendu les mêmes que pour le projet de journal télévisé, seule la forme change : 

  • développer un esprit critique
  • revendiquer sa citoyenneté, son droit à être informé.e correctement
  • comprendre les enjeux journalistiques
  • enquêter sur des sujets de société

Sensibilisation

La forme d’un vrai documentaire professionnel assure une vie plus longue au projet. La réalisation peut ensuite être vue, partagée et projetée sur internet ou ailleurs. Elle informera d’autres personnes sur une thématique. Elle peut devenir un outil de travail pour des écoles ou autres structures éducatives. 

Pour les participant.e.s, la réalisation d’un documentaire permet de faire évoluer une idée, de développer un avis sur un sujet et d’enquêter en profondeur. Durant les premières séances, il nous semble important de donner la parole aux apprenti.e.s journalistes. Nous les interviewons : « que pensez-vous ? », « qu’attendez-vous de ce travail ? », « qui voulez-vous interroger ? », « quel est votre parcours ? ». Bien entendu, les questions s’adaptent au sujet, mais nous essayons de comprendre les enjeux personnels de chacun.e. Il faut que le documentaire puisse apporter des réponses à des interrogations et problématiques personnelles.

L’un des participants interviewe une autre participante pour un documentaire sur l’emploi à Armentières

Par exemple, lorsque nous avons débuté le documentaire Coude à coude avec cette classe de CM2 de Carvin (62), les élèves avaient une idée de ce qu’étaient les stéréotypes de genre dans le sport, certain.e.s y avaient été confronté.e.s directement, mais le fait d’interviewer des femmes sportives de haut niveau leur a permis d’ouvrir davantage leur esprit, et finalement de s’insurger contre ces inégalités. Idem pour la classe de 1ère avec laquelle nous avons réalisé une enquête sur le territoire du bassin minier qui est le lieu où ils et elles ont grandi. Les élèves, au début, n’évoquaient que le passé minier. Puis, grâce à notre investigation, nous sommes allé.e.s rencontrer des acteurs culturels et environnementaux du territoire et finalement, la classe s’est rendue compte que ce territoire avait bien plus de richesses qu’elle ne pouvait l’imaginer. 

Nous avons également réalisé un reportage sur les dégâts écologiques provoqués par l’usine Metaleurop (en revanche, le groupe a filmé car certains participants étaient plus à l’aise derrière la caméra qu’en journalistes), mais sur le fond, nous avons réalisé une véritable enquête de terrain.

Deux prochains documentaires seront bientôt à découvrir dans la partie dédiée de notre site web ! On leur souhaite une longue vie et aussi à notre association d’en créer beaucoup d’autres sur des thématiques nouvelles, avec plein de personnes nouvelles et différentes !

Notre équipe de Marcq-en-Baroeul avec Pauline, CPE interviewée dans le cadre de la réalisation du documentaire sur les réseaux sociaux