Les jeunes de la Briqueterie découvrent les coulisses du journalisme
Durant l’été, notre association Buena Vista Video Club, présente sur la métropole de Lille, a passé un mois dans le quartier de la Briqueterie à Marcq-en-Baroeul. Notre objectif : sensibiliser les jeunes à l’information et aux médias de manière ludique.
Trois fois par semaine, durant un mois, nous avions rendez-vous avec Sarah, Henrietta, Shaïma, Hajar, Imen et les autres. Elles ont entre 9 et 13 ans. Un groupe que le destin a décidé en non-mixité. Très certainement que cela a changé le cours des ateliers, leur forme mais surtout leur fond. Les petites filles se sentaient très en confiance entre elles et ont fait preuve d’une grande bienveillance les unes envers les autres. Et nous, dans l’asso, on a la sensation de les avoir accompagnées dans une compréhension de l’information mais aussi dans des réflexions personnelles auxquelles la nouvelle génération est confrontée.
Politique de la ville
Tout a commencé fin 2019 lorsque nous avons sollicité les communes dans le cadre de l’appel à projets « Politique de la ville ». « La Politique de la ville propose une politique de cohésion urbaine et solidaire, nationale et locale, envers les quartiers défavorisés et leurs habitants », peut-on retrouver sur le site de la préfecture des Hauts-de-France. Il s’agit en quelques sortes de rééquilibrer les villes, combler un manque de certains quartiers par rapport à d’autres : une initiative louable qui donne l’opportunité aux habitants de bénéficier d’actions de qualité sur des territoires qui ont de réels besoins. La ville de Marcq-en-Baroeul a tout de suite été emballée par notre projet d’éducation aux médias et nous a inscrit dans le programme 2020 pour le quartier de la Briqueterie.
Mise en place des ateliers
Le confinement et les mesures prises contre la pandémie n’ont pas facilité notre arrivée à la maison de quartier. Prévus initialement pour le mois de mars, les ateliers se sont finalement fixés pour l’été : pas plus mal ! Le format stage estival sur un mois a permis de mobiliser le public de manière stable et régulière. La première séance ne comptait pas le nombre de participant.e.s attendu.e.s mais dès que nous sommes sorties dans la rue pour filmer et interviewer, plusieurs jeunes filles se sont greffées au groupe pour ne jamais s’en déssouder.
Alors ? Comment se déroulent nos ateliers ? A vrai dire, nous nous adaptons la plupart du temps au groupe. Certains sont plus attirés par l’aspect vidéo et image, et d’autres s’identifient plus au journalisme. C’était le cas de nos reportrices en herbe ! Nous avons donc privilégié des ateliers davantage tournés vers l’interview et la recherche, sans forcément négliger la partie cadrage. Les premières séances ont été plus techniques et initiatiques : nous découvrons le matériel vidéo (les trépieds, les caméras, le matériel de son), les règles de cadrage (différentes valeurs de plans, cadrage d’une interview) mais aussi les techniques journalistiques (les questions ouvertes en interview, les 5W). Toutes ces connaissances vont servir le projet de journal télévisé qu’elles développeront les séances suivantes.
Action !
A partir de la quatrième séance, nous avons commencé à évoquer avec les jeunes filles les sujets qu’elles aimeraient traiter, et nous les avons orientées. Leur souhait était d’interviewer des habitants du quartier, c’est-à-dire réaliser des micro-trottoirs. D’accord, mais à une condition : il faut aussi interviewer un.e professionnel.le qui parlera de leur sujet de manière objective.
Après de nombreuses discussions entre elles et nous, les sujets sont tombés : l’écologie (et notamment les papiers par terre dans le quartier de la Briqueterie), le racisme (les derniers événements mondiaux les ont beaucoup touchées), le féminisme (à la base, elles voulaient parler de violences conjugales, mais c’est un peu compliqué à traiter…), et un sujet plus léger sur des ateliers cuisine proposés par la maison de quartier.
Nous avons réalisé ces différents reportages par groupe de deux. Armées de leurs micros, leurs caméras et leurs questions préparées en amont, elles ont tourné des plans de coupe pour illustrer leurs propos et réalisé des interviews des habitant.e.s et d’un.e professionnel.le. Cette partie interview a été très importante pour elles toutes. Elles ont rencontré les réalités de terrain : la peur de la caméra, la méfiance envers les journalistes et parfois l’agressivité des riverains. Mais elles ont aussi découvert les différences de point de vue, le dialogue avec autrui et la bienveillance de certains voisins qui se sont prêtés au jeu avec plaisir. Elles ont pu aussi débattre, échanger et réfléchir à des sujets de société qui les concernent directement.
Pendant qu’un groupe était en reportage avec Hélène, l’autre partie restait avec Chloé, la nouvelle recrue de l’asso ! Avec elle, elles ont découvert la photographie et le cadrage, réalisé les décors de leur journal télévisé ainsi qu’un logo pour leur chaîne qu’elles ont décidé d’appeler Briquet’ TV.
Le projet prend forme
Une fois les quatre tournages terminés, nous prenons en charge la partie montage pour deux raisons : nous ne voulons pas qu’elles passent du temps derrière un écran; le montage est très technique et complexe. Finalement nous privilégions plus un travail de compréhension des médias que de développement de compétences techniques. Nous sommes alors arrivées un lundi après-midi et nous leur avons présenté leurs reportages. Et là surprise : elles ne pensaient pas avoir fait un travail aussi pro ! Une fois montées, leurs images et interviews sont mises en valeur et présentent un réel contenu. Mais… il semble qu’il manque quelque chose : les voix off ! C’est maintenant à elles de jouer : il faut rédiger les commentaires qui viendront s’installer sur leurs plans de coupe mais surtout… les enregistrer ! Nous avons travaillé avec elles le ton journalistique et la façon d’insister sur des mots pour les mettre en valeur. Une fois ces sons dans la boîte, en deux-trois tours de montage, les reportages sont complets ! Quel plaisir pour elles de découvrir le fruit de leur travail !
Plateau TV dans de vraies conditions de direct
Nous aimons terminer nos ateliers par une présentation devant les parents, les habitant.e.s et même les élu.e.s. Pour cela, nous présentons les reportages dans un journal télévisé, et l’enregistrement de ce JT se fait face au public. Les jeunes se mettent alors dans les rôles de présentateur.rice.s, caméra.wo.men, ingénieur.e.s du son, décorateur.rice.s… Pour le moment, nous gardons cette dernière séance pour le mois de septembre. Les filles ont préparé leurs textes de présentation, ont distribué les rôles de chacune et sont prêtes à présenter leurs travaux.
Nous avons voulu interviewer quelques unes d’entre elles sur les ateliers et les sujets qu’elles ont traités :
Merci à la Voix du Nord pour cet article sur notre stage d’été :
